Symboles et arrière-plan spirituel du Reiki
Source : Sacred Calligraphy of the East, John Stevens, Shambhala
Dans le Reiki, on utilise des formes (symboles)
et des sons (mantras/kotodamas) comme catalyseurs afin de rentrer en résonance
avec l’énergie d’une dimension supérieure.
Hiroshi Doï
Depuis la découverte jusqu’à l’expérience spirituelle de Mikao Usui, nous savons que les différents symboles traditionnels du Reiki transmis par Chujiro Hayashi appartiennent pour certains à l’héritage sacré de l’Inde. Afin de préserver leurs patrimoines spirituels, les sages de ce pays avaient composé une langue sacrée, un alphabet mystique, qui porte le nom de siddham. Celui-ci est composé de différentes lettres sanskrites, les bîjas-mantras, dont la calligraphie visualisée en esprit, devient un “symbole” vivant.
Le terme de bîja : “semence”, “germe”, donné à ces lettres sanskrites est très évocateur du rôle qui leur est attribué dans le Bouddhisme ésotérique. Les bîjas sont les sons éternels, non créés, antérieurs à toute création ou manifestation terrestre.1
Au
sein de la tradition tantrique bouddhiste, qu’elle soit japonaise ou
tibétaine, on se relie à ces différents symboles pour
opérer initialement des changements dans l’esprit, pour éveiller
sa conscience et éclaircir sa vision spirituelle.
C’est le maniement des symboles qui va nous
permettre de quitter le plan rationnel et d’atteindre une nouvelle profondeur
de conscience... Les symboles utilisés dans le Bouddhisme ésotérique
détiennent un pouvoir quasi magique qui va faire retentir notre être
tout entier, le conduire à une transformation en profondeur et lui
permettre de sauter du plan rationnel au plan situé au-dessus.2
Les
symboles du Reiki offrent aux praticiens une perspective nouvelle de la réalité
des êtres et de l’univers. Ils invitent chacun à changer
sa représentation du monde, à passer d’une perception
erronée à une perception pure, que l’on appelle “vision
sacrée” dans les enseignements bouddhistes tantriques. Il s’agit
de percevoir les phénomènes, ainsi que tous les êtres,
du point de vue de leur pureté inhérente.
Le Reiki est donc basé sur la pratique et la philosophie des tantras,
et cela nous est clairement exprimé et démontré par l’usage
des différents symboles du Deuxième degré. Le tantra
est considéré comme la voie de la transformation, car on transforme
les apparences illusoires en sagesse. On convertit la vision fallacieuse que
l’on a de soi, des êtres et de l’univers, en une vision
totalement pure et sacrée. Par exemple, nous ne nous considérons
plus sous notre aspect ordinaire et limité, mais nous nous révélons
en fait comme des “êtres parfaits”, ou des bouddhas ! Pour
arriver à cela, nous mettons en oeuvre des moyens habiles, comme la
visualisation de mandalas, véritable représentation extérieure
de notre univers intérieur. Ou encore, nous pratiquons la visualisation
des différentes déités de méditation (les différents
bouddhas et bodhisattvas), étant eux-mêmes une expression de
notre nature illuminée, ainsi que la récitation de mantras,
c’est-à-dire l’énergie de l’éveil sous
forme de sons. Concrètement, de même que nous n’avons pas
encore la capacité de nous voir réellement comme des “bouddhas”,
et comme nous n’avons pas trouvé cet éveil à l’intérieur
même de notre esprit alors, nous méditons sur la représentation
d’un bouddha à l’extérieur de nous. Nous considérons
que ce “bouddha extérieur” n’est en rien séparé
de nous-même. Une telle pratique sert ainsi de miroir afin de révéler
la pureté originelle et la perfection spontanée, ou nature de
bouddha, en chacun de nous.
Prière au Sonten de Kuramayama
Si, pour beaucoup d’entre nous, il est difficile de maintenir la contemplation
d’un mandala très complexe (simplement parce que cela ne fait
pas partie de notre culture spirituelle), nous pouvons alors essentialiser
cette pratique à l’aide de la visualisation d’une forme
symbolique d’un bouddha (la déité), véritable archétype
de notre nature éveillée. Il est essentiel pour nous de savoir
que celle-ci peut être aussi réduite à sa plus simple
expression et prendre alors la forme d’un “symbole” que
l’on appelle “syllabe germe”, ou bîja, en sanskrit.
Comprenons, là aussi, que notre nature véritable est de même
essence que ce symbole, qui en est une représentation extériorisée.
Celui-ci est perçu comme l’expression des qualités inhérentes
à l’esprit. D’où l’intérêt que
le Reiki leur porte afin d’opérer une plus grande transformation,
non seulement du corps, mais aussi de l'âme et de la conscience, et
en fait de toutes les dimensions de l’être, constituant cette
guérison holistique que nous recherchons tous. Il y a dans le Reiki
un message d’espoir formidable, c’est que nous sommes en soi guérissables
! Si nous le sommes, c’est qu’il y a en chacun de nous ce potentiel
de guérison. Le but du Reiki, à travers ses différentes
pratiques et notamment par l’usage des symboles sacrés, est de
faire s’élever et accroître l’état de santé/sainteté
fondamental, ainsi que les germes d'équilibre et d’harmonie originels.
Au sein de la tradition bouddhiste tantrique, les différents symboles
comme les mandalas, les déités de méditation, les mantras
et les syllabes sacrés sont utilisés comme support de contemplation
de l’esprit, afin de découvrir sa véritable essence, l’éveil
(ou nature divine) en soi. C’est pourquoi, dans le système d’Hayashi,
les symboles du Reiki sont donnés pour la découverte de sa vraie
nature.
Plus que de considérer les différents symboles du Reiki comme séparés de nous, nous devons au contraire ressentir le lien intime qui existe entre ceux-ci et la nature fondamentale de notre esprit. Plus que de les visualiser comme extérieurs à soi, nous devrions nous identifier à eux, et les devenir véritablement, afin de découvrir nos germes d’éveil spirituel, source de toutes les guérisons !
Dans les tantras, nous concentrons notre attention sur une image archétype et nous nous identifions à cette forme subtile afin de réveiller les aspects les plus intimes, les plus profonds de notre être pour les attirer dans notre réalité actuelle.
Lama Thoupten Yéshé
1 : “Le Bouddha Secret du Trantrisme
Japonais”, Pierre Rambach, Éditions Skira.
2 : “Le Bouddha Secret du Trantrisme Japonais”, Pierre Rambach,
Éditions Skira.