L’espace de guérison : toucher la Totalité qui est en soi


Image : D.R


Le Reiki n’est pas une technique de guérison dans le sens ou on l’entend habituellement. Le Reiki est un mode de vie, une voie ou encore un art, qui permet de prendre conscience de la dimension de totalité qui siège en chacun de nous. C’est une pratique qui nous ramène dans l’état de complétude. Il agit avant même le niveau où il y a division, séparation.

Lorsque l’on va profondément en soi, on touche à un archétype de totalité et, en l’espace d’un clin d’oeil, le corps restitue cette totalité, quelquefois temporairement, quelquefois de façon permanente.1

Richard Moss

La seule voie possible d’une guérison authentique, c’est d’entrer pleinement en résonance avec sa propre complétude et c’est de cet espace que celle-ci, qui était jusqu’alors potentielle, s’élèvera. Sur un plan plus relatif, il s’agit aussi d’entrer en amitié avec soi-même et d’accueillir les différentes dimensions de soi en souffrance. La guérison est cet acte même de reconnaissance. Cette simple action de reconnaître, c’est-à-dire de voir dans l’acceptation, est en soi le processus de guérison profonde. La souffrance est peut-être simplement là pour nous inciter à nous manifester de l’amour à nous-mêmes. Il y a quelque chose en nous qui peut enfin prendre soin de nous. Les circonstances négatives de notre vie peuvent même devenir une inspiration pour cela. Mais ce qu’il nous manque bien souvent, et que le Reiki nous offre enfin, c’est d’un “espace de guérison”, celui où nous pouvons regarder, reconnaître et accueillir nos souffrances en toute sérénité, pour ensuite les libérer.

Dans une approche thérapeutique, le plus important est de reconnaître sa condition, ses névroses. Quand vous commencez à reconnaître, simplement cette reconnaissance établit le processus de guérison. Ce dont nous avons besoin, c’est de l’espace pour reconnaître, et également l’espace pour la guérison. Si on accepte sa pathologie, si on la reconnaît et qu’on s’élève au-dessus, alors, on la transcende.

Sogyal Rinpoché

Contrairement à d’autres méthodes de guérison, le Reiki (et l’approche bouddhiste de la thérapie en générale d'où il est issu) ne s’occupent pas seulement de l’aspect en souffrance, mais nous met en relation avec l’espace de plénitude et de perfection qui siège en chacun de nous. Son approche est non-violente dans la mesure où il nous conduit à reconnaître, et à accueillir, la dimension en souffrance. Cela, en vue de lui donner tout le soin réparateur qui est de convertir et de transformer cette souffrance par le pouvoir alchimique de l’amour-compassion (qui est synonyme d'acceuil). Nous pouvons réellement transformer la souffrance parce que notre nature fondamentale est félicité.

Bien sûr, la façon même dont le Reiki agit est difficile à saisir rationnellement. L’action de celui-ci n’est ni apparente, ni mesurable, ni quantifiable, mais les effets peuvent cependant être constatés. En fait, le Reiki agit de la façon dont l’énergie transmise peut révéler le potentiel de guérison et de transformation déjà présent en chacun de nous. Cela nous amène à présent à considérer plus à fond le pouvoir sacré des initiations, qui représentent le point de départ de notre art de guérison et à établir un parallèle avec celles de l'ancienne tradition des tantras.
D’une manière générale, les initiations sont propres aux enseignements du bouddhisme Vajrayana, dont on peut dire que le Reiki tire ses origines. Au sein de cette tradition, recevoir une initiation, c’est recevoir en fin de compte une possibilité d'accomplissement.

L’initiation éveille ce qui est latent au sein de notre conscience : l’esprit originel, pur et non-entravé. Dans le contexte du Reiki, le principe de l’initiation consiste à déposer des semences d’éveil dans notre conscience et à nous mettre en contact avec le Souffle de Vie primordial qui est déjà là, au plus profond de notre esprit.2

D’un autre coté, sans initiation, il n’y aurait pas la possibilité d'éveiller une telle capacité. La tradition affirme que ce serait comme de creuser et de chercher de l’or dans un endroit stérile.

À l’origine, le mot sanscrit qui désigne l’initiation est abhishka. Il a pour premier sens “asperger” et pour deuxième sens “transplanter”, comme si, lors d’une initiation, on aspergeait de Sagesse, on transplantait à l’intérieur de celui qui la reçoit les graines de cette Sagesse. À partir de cette énergie pure, ces semences, chacun peut ensuite, avec ses propres énergies, la développer à nouveau et la mener à son total épanouissement.3

Dans le contexte du Reiki, nous ne pouvons donc pas nous passer de cette initiation (reiju). C’est un processus plus direct, plus rapide et, surtout, plus sûr. Sans cette initiation, sans cette “transmission de pouvoir spirituel et sacré”, il ne serait pas possible de pratiquer. En quelque sorte, il nous manquerait la bénédiction qu’offre celle-ci. Aussi, il est dit qu’une initiation a le pouvoir de faire mûrir la pratique, et d’accélérer le développement spirituel. L'initiation nous prépare donc à la pratique du Reiki, et accroît notre réalisation spirituelle. Dans la voie des tantras, on dit même que pratiquer sans la transmission de pouvoir est une perte de temps, alors qu’avec l’initiation, on se trouve dans une condition appropriée. Toujours selon les tantras, l’initiation a le pouvoir de disperser de notre être les impuretés et les différents obscurcissements karmiques. Les trois aspects du corps, parole et esprit sont également nettoyés. De plus, il est dit que la couche superficielle des distorsions, des vues erronées et des blocages (émotionnels, entre autres) sont également dissous.

De qui pouvons-nous maintenant recevoir une telle initiation ? Seulement d’un être vivant, appartenant à une lignée ininterrompue d’initiateurs. Par exemple, les dévas et les anges eux-mêmes ne peuvent pas nous la transmettre. Et bien sûr, celui qui donne cette initiation devrait avoir les qualités et le pouvoir de les donner.
Il y a ici deux causes principales à observer : la première, c’est que nous avons déjà en fait le potentiel de l’initiation en nous. On pourrait dire que nous avons cette qualité de base, et qu’elle constitue en fait l’essence même de notre être. C’est déjà en nous, mais à l’état de germe ou de graine !

On n’obtient pas de nouvelles qualités. L’initiation révèle des qualités déjà présentes, mais à l’état potentiel, dans la base même de l’être.

Sogyal Rinpoché

La deuxième cause, qu’on appelle la “cause coopérative”, correspond au rituel ou à la transmission de pouvoir (l’initiation) elle-même. Lorsque ces deux causes sont réunies il se produit alors un mûrissement, ce qui implique de pratiquer ensuite afin que cela ne reste pas quelque chose de stérile. De son côté, le pratiquant doit aussi développer l’aspiration, le respect et la foi, pour la voie sacrée du Reik (ReikiDo)i. Il doit aussi avoir confiance dans celui qui lui transmet cette initiation, et avoir de la diligence ensuite pour la pratique (et l’intérêt de pratiquer sur lui-même en premier, et pour les autres ensuite).

Recevoir une initiation dans le cadre d’une pratique de guérison et du Reiki, c’est comme recevoir une bénédiction particulière, un “baptême” spécifique. Comme l’exprime le Vénérable Thich Nhat Hanh :

Le Saint-Esprit est une chose qu’il faut cultiver car les semences de l’Esprit Saint sont en vous. Être baptisé, c’est avoir une occasion de reconnaître que cette énergie est déjà en vous. Être baptisé, c’est toucher cela en vous-même.4

Combien cela s’applique au Reiki !


1 Psychologies n° 147, novembre 1996.
2 L’art et la pratique spirituelle du Reiki
.
3 Le goût du thé, Gyétrul Jigmé Norbou, Éditions Marpa, 1997.
4 Bouddha vivant, Christ vivant, Thich Nhat Hanh, Éditions JC Lattès, 1996.

© Patrice Gros shirushi Patrice Gros

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